Je voudrais vous parler aujourd’hui d’un sujet qui me concerne directement : l’influence de la publicité sur les enfants et la société de consommation comme mode normal de fonctionnement de notre société contemporaine.
Pas moins de trois fois cette semaine, j’ai pu en faire l’expérience avec mes deux cobayes préférés âgés de 9 ans 1/2 et 5 ans. Bon, j’avoue, c’était plutôt rigolo voire très rigolo, mais en me posant deux minutes et en essayant de faire fonctionner mes neurones (pas simple sur un sujet pareil), le rire s’est rapidement mué en saisissement…
Acte 1 : Lundi soir à la table du dîner, ma fille aînée nous raconte une blague de Toto. Le cancre, incapable de réciter sa poésie, se fait renvoyer par sa maîtresse et sort de la classe en chantant « Vous les copains, je n‘vous oublierai jamais / Di doua di di doua di dam di di dou ». Bon, à moi tout de suite la chanson m’évoque Sheila et ses couettes… (bien qu’à l’époque je n’étais pas encore née, et oui !). Eh bien pour ma fille, c’est la musique de « la pub du saucisson » !
Acte 2 : Mercredi soir, toujours à la table du dîner (décidément !), son petit frère pas en reste me dit : « Maman, les singes pour manger des bananes ils vont dans les bananiers, tu sais les arbres qui vendent des bananes… ». Oups, pardon ? J’aurais loupé un épisode ?…
Acte 3 : Hier soir, où ça déjà ? Ah oui, encore à table… Rebelote, ma fille et la publicité : je lui demande le menu du midi à la cantine : « du poulet Le Gaulois » !!! Traduisez : un cordon bleu de volaille…
La morale de l’histoire ? Nos chères têtes blondes (en tout cas les miennes…) sont déjà, malgré leur jeune âge, sous l’emprise des marques et des groupes de la grande distribution. Et on pourrait en dire autant des marques de jouets, vêtements, etc… dont la télévision les abreuve à longueur de dessins animés.
Je vous vois venir. Vous allez me dire qu’il ne tient qu’à moi de les en détourner et de ne pas les coller devant la TV pour avoir la paix. Certes, ils sont consommateurs d’images et même en redemandent parfois, je ne peux le nier. Mais force est de constater que les annonceurs s’y prennent également parfaitement bien pour utiliser les « minutes de cerveaux disponibles » de nos zouzous.
Quelles leçons tirer de tout cela ? Doit-on en conclure que ce phénomène est purement générationnel ?
Rien n’est moins sûr ! La preuve, regardez un peu la couverture de l’ouvrage que j’ai utilisée pour illustrer mon propos ! Ca ne vous rappelle rien par hasard, ces personnages de publicité des années 80-90 ? Eh bien oui, la publicité était déjà là « à l’époque » (comme dit mon fils, sic !) pour nous vanter les mérites qui de la lessive qui lave plus blanc que blanc, qui des yaourts au bon lait de nos grands-mères…
Sauf qu’aujourd’hui on assiste à mon sens à un changement d’échelle sans précédent, dans la mesure où la publicité est conçue dès le départ pour différentes catégories d’âge et de sexe, voire même différentes catégories sociales. Et les enfants ne sont plus épargnés car ils sont des consommateurs potentiels.
Que le parent qui n’a jamais cédé devant le regard de merlan frit de son rejeton, tenant à la main un jouet, livre, paquet de céréales… quelconque à la caisse d’un supermarché, me jette la première pierre !