Astérix et Obélix, au service de Sa Majesté

Astérix Obélix Reine Angleterre César

Réal. par Laurent Tirard, 2012, 1h49.

Je pense avoir déjà eu l’occasion de l’écrire ici ou là : ce qui est bien lorsque l’on a des enfants, c’est que l’on peut aller au cinéma pour voir des films d’animation ou dits « tous publics » en parfaite décontraction, sans avoir à se justifier. Lorsque l’on est resté un peu enfant soi-même il est donc très facile de se fondre dans la masse des spectateurs et de savourer un moment de distraction sans avoir à rougir de ne pas être allé voir à la place le dernier film d’auteur qui fait parler dans les dîners bobos.
C’est donc dans cet état d’esprit que j’ai emmené mes enfants voir « Astérix et Obélix, au service de Sa Majesté » mercredi dernier. Bon j’avoue quand même que c’était le seul film adapté à leurs âges et goûts différents. Je dois également reconnaître que j’avais quelques a priori envers ce quatrième épisode car j’avais beaucoup aimé le premier volet réalisé par Alain Chabat, « Astérix et Obélix : mission Cléopâtre ». Sans doute en raison du ton très « Nuls » de ce film, les deux suivants n’ayant d’ailleurs pas rencontré le même succès critique.
Dans ce nouvel opus l’histoire est on ne peut plus simple : César, avide de nouvelles conquêtes, décide d’envahir la Bretagne pour agrandir son Empire. La Reine de la Bretagne envoie son fidèle conseiller Jolitorax en Gaule pour demander de l’aide aux « irréductibles », en la personne d’Astérix et Obélix. Ceux-ci ont alors fort à faire avec le neveu de leur chef qui leur a été confié pour parfaire son éducation, un jeune lutécien plein de morgue qui ne jure que par la musique et les jolies filles. Ils voient donc là l’occasion rêvée de se rendre utiles tout en donnant une bonne leçon au jeune insolent, en l’embarquant avec eux dans ces nouvelles aventures. Mais, bien évidemment, rien ne va se dérouler comme prévu : ni pour l’équipée bretonne-gauloise, ni pour César et ses troupes.
Et alors, me direz-vous ? Comment ai-je trouvé le film ? Eh bien je dois avouer sans honte aucune que j’ai passé un très bon moment ! Tout d’abord, le casting est particulièrement réussi. Obélix et Depardieu semblent ne faire qu’un, rien à redire. « Ils » volent même la vedette à Edouard Baer, qui campe un Astérix beaucoup moins matois que le personnage d’Uderzo et Goscinny à qui il apporte une touche de naïveté et de dérision (selon moi beaucoup plus juste que ne l’était Clavier). Luchini est parfait en César mégalomane, hypocrite et cynique. Quant aux autres acteurs, dans des rôles plus ou moins secondaires, ils jouent tous très juste. Mention spéciale à Valérie Lemercier en Bretonne coincée prout-prout, qui va faire chavirer le coeur d’ « Ob’lix » (les enfants ont beaucoup ri en entendant l’accent « breton »). Les gags, ensuite : ils se succèdent comme l’on peut s’y attendre mais font également mouche, ce qui n’est pas forcément toujours garanti avec ce genre de films. Et je reconnais que je rigole parfois encore plus lorsque je vois les enfants rire, ou bien à l’inverse ne pas relever certaines petites phrases plus destinées à faire rire les parents que les enfants, comme il y en a d’ailleurs quelques unes dans cet épisode. Enfin, mais là c’est la fan de musique rock pop qui parle, j’ai beaucoup aimé les deux apparitions des BB Brunes dont la musique clôt le film, non pas à l’occasion d’un grand banquet final comme dans les albums de notre enfance, mais d’une fête donnée en l’honneur des héros gaulois qui ont réussi à défaire une nouvelle fois l’impitoyable César.
A quand le prochain épisode ? Ah zut, les enfants ne voudront peut-être pas aller le voir s’il sort dans 3 ans… !

Skyfall

Skyfall James Bond MI6 M Q EspionnageRéal. par Sam Mendès, 2012, 2h23

Dimanche dernier. Un temps frais, humide, automnal, parfait pour aller au ciné. Le nouvel opus des James Bond, le fameux agent secret 007, nous tend les bras. Bref, en bon public que nous sommes de cette série, nous nous laissons tenter…
En ce qui me concerne, je n’avais pas lu au préalable le synopsis avant d’aller voir le film. A chaque fois que je vais voir un « James Bond », je sais de toute façon que je vais passer un bon moment. Eh bien cette fois encore, je me suis laissée prendre dans l’histoire. Et même plus : je tiens ce nouvel épisode pour l’un des meilleurs numéros de la série, tout au moins l’un des plus réussis parmi ceux des 20 dernières années, qui ont vu se succéder Thimothy Dalton, Pierce Brosnan et… le très à propos Daniel Craig (aïe… je sens que je vais encore me faire disputer sur ce coup là…).
Je vous laisse la surprise de l’intrigue somme toute assez simpliste (James doit cette fois se battre contre un ennemi particulièrement redoutable, qui n’a d’autre but que d’assouvir une vengeance toute personnelle contre M pour laquelle il travaillait des années auparavant), pour m’attacher à vous livrer ce qui, dans ce volet, m’a particulièrement plu. Le personnage de James Bond en premier lieu : tout en fêlures, loin de l’image lisse renvoyée par un Sean Connery ou un Roger Moore. L’espion britannique est magnifiquement servi par Daniel Craig, tout en puissance et en fragilité, en proie au doute mais également déterminé lorsqu’il s’agit de protéger M. Bref, un personnage pétri de contradictions et à mon sens beaucoup plus « moderne » et intéressant que ses prédécesseurs.
Justement, de modernité il en est question tout au long du film, et c’est là la seconde raison pour laquelle je trouve que cet opus est particulièrement réussi. Dans la lutte contre le Mal s’affrontent deux écoles, deux méthodes, deux générations. La nouvelle est emmenée par Q notamment, ici incarné par un comédien aussi jeune que Desmond Llewelyn était âgé. Q n’est plus un Géo Trouvetou génial, mais un surdoué de l’informatique et de la programmation : autres temps, autres moeurs ! L’ancienne, c’est bien sûr : M, la cible du « méchant-pas-beau-homme-à-abattre » (impressionnant Javier Bardem), décriée dans sa gestion de la crise qui touche le MI6 et mise en cause par la jeune garde du gouvernement qui aimerait bien la voir prendre sa retraite ; mais aussi James Bond lui-même, donné pour mort dès le début du film, porté sur l’alcool et physiquement plus aussi athlétique que par le passé. Bref, j’ai beaucoup aimé la philosophie de cet épisode, qui montre bien que chaque génération a sa place dans un monde où tout va toujours plus vite mais où il faut parfois savoir prendre le temps de la réflexion. Clin d’oeil particulièrement bien vu pour renforcer le propos du film : l’apparition de la célèbre Aston Martin DB5 des débuts. Sobre, racée, élégante. En un mot : magnifique !
Voilà, je n’en ferai pas des « caisses » supplémentaires mais je conclurai en vous invitant à aller voir ce 23ème épisode en salle. Le temps s’y prête particulièrement aujourd’hui, non ?

Shifue.

Que dire de plus après le brillant post de ma Shifunette ? Oui déjà je pourrais écrire ici que je ne suis pas dupe et que je sais que Shifue s’est rincée l’oeil pendant 2:23 dimanche dernier, sous couvert d’un accès à l’art cinématographique. « Mon chéri, viens allons nous cultiver, allons faire le plein de 7ème art ! » Bref Daniel il est beau, il est beau, beau, caréné, énigmatique, n’en jetez plus les filles… « Mais non mon chéri tu es 10000 fois mieux que lui tu sais, et puis lui il est trop musclé », mouais mouais je sais bien tout ça……..
Une fois ma crise de jalousie passée et les filets de bave de ma chérie séchés j’ai pu me concentrer sur le film. Pour ma part j’en avais déjà entendu parler à la radio, puis j’avais pu lire un excellent post sur le blog Lectures au coeur, que je vous conseille au passage. Je vais essayer de ne pas paraphraser ma petite Shifue qui a déjà tout dit. C’est vrai que la série trouve ici une nouvelle dimension, plus humaine peut-être. James est certes le meilleur des agents il n’en reste pas moins un homme qui a un passé, pour le moins lourd à porter visiblement. Et puis rappelez vous ceci : James peut mourir, qu’on se le dise, il a un métier dangereux quand même. C’est vrai que, comparativement, je risque quoi moi ? Me planter une agrafe dans le pouce en voulant sauver ma planète qui menace d’imploser le 21/12 ?  Je m’égare il me semble… Quoi qu’il en soit, ne sortez pas vos mouchoirs les filles à l’idée que James puisse avoir un accident de travail (quand même une agrafe dans le pouce euh…) j’ai l’impression qu’on a pas fini d’en dîner du Daniel… Et dire que je sais déjà que j’y retournerai. Bon allez vais faire des abdos moua…

Doy.

Dans la maison

Réal. par François Ozon, France, 2012, 1h45 min.

De François Ozon, j’avais notamment vu et aimé « 8 femmes » et surtout « Potiche », dans lequel Catherine Deneuve et Fabrice Luchini – déjà – se partageaient l’affiche dans des registres assez inhabituels. En allant voir « Dans la maison », je m’attendais donc à passer un bon moment… et je n’ai pas été déçue. Le casting est au rendez-vous : Fabrice Luchini (donc), Kristin Scott Thomas, Emmanuelle Seigner, Jean-François Balmer, Yolande Moreau (dans un petit rôle, certes…). Et puis il y a le jeune Ernst Umhauer, vraiment très convaincant dans le rôle de l’élève-tentateur-poil à gratter…
Pour ce qui est du scénario, très brièvement, le film met en scène Germain, professeur de français dans un lycée, qui semble totalement désabusé face à une nouvelle génération d’élèves manquant de curiosité intellectuelle, de vocabulaire, et de manière générale de culture. Mais en ce début d’année scolaire, un élément semble sortir du lot dans la classe : le jeune Claude qui, à l’occasion d’un exercice de rédaction, lui rend un texte à la fois mystérieux et déroutant qui se termine par « à suivre »… Ce qui laisse entendre à Germain qu’il va se passer quelque chose, et donc pour ainsi dire va le « ferrer » comme un poisson. Car Claude s’est en fait « introduit » dans la maison d’un camarade de classe plutôt effacé et médiocre, scolairement parlant, en prenant le prétexte de l’aider à faire ses exercices de mathématiques. Mais il s’agit en fait pour lui de s’immiscer au sein d’une famille « normale » de la « classe moyenne » (ce sont ses propres mots), et de se livrer ainsi à une étude de moeurs sans concession, en jetant notamment son dévolu sur la mère de son camarade, une femme sans intelligence mais encore très attirante (Emmanuelle Seigner, évidemment…). Germain, qui s’ennuyait visiblement aussi dans son couple (formé avec Kristin Scott Thomas, parfaite dans son rôle d’épouse délaissée responsable d’une galerie d’art contemporain), va ainsi retrouver le goût d’enseigner et entrer bientôt dans une relation maître-disciple avec Claude, sans que l’on sache réellement qui est le maître et qui est l’élève.
Tout le talent de François Ozon à travers ce film est selon moi d’embarquer le spectateur dans une histoire prenante, dont on pressent qu’elle va mal se terminer mais sans que l’on sache réellement pourquoi. L’idée de parler de la transgression (introduction de Claude dans la « Maison », abolition des frontières et naissance d’une certaine forme d’intimité entre l’enseignant et l’élève – le premier allant jusqu’à voler le sujet d’un devoir de mathématiques pour donner au second une occasion de s’immiscer à nouveau dans la famille de son camarade et ainsi pouvoir lire un nouvel épisode de ce feuilleton à suspens) est très bien vue car elle n’emprunte pas les ficelles et registres classiques. La notion de voyeurisme très présente également interpelle le spectateur qui se retrouve lui aussi témoin de la vie de cette famille et prend plaisir à observer leur comportement, leurs réactions, leurs joies et leurs peines. A bien y réfléchir, on se dit que l’on n’aimerait pas être à leur place et eux à la nôtre, mais on se prend inévitablement au jeu. Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce film, mais il me semble plus intéressant, pour ceux d’entre vous qui souhaiteraient le voir, de le découvrir par vous même. C’est pourquoi je vous encourage vivement à aller le voir au cinéma, vous ne serez pas déçus !

Quelques heures de printemps

Réal. par Stéphane Brizé, France, 2012, 1h48 min.

C’est une histoire pas très gaie que je vous invite à découvrir aujourd’hui à travers ce film. Celle d’une mère et son fils qui n’ont visiblement jamais appris à communiquer, qui se parlent sur un ton dur, parfois violent, souvent blessant. La situation s’est envenimée suite à l’écart de conduite d’Alain, le fils, ancien chauffeur routier qui s’est retrouvé en prison pour avoir passé de la drogue dans son camion afin d’arrondir ses fins de mois. A sa sortie de prison, privé de toit et de boulot, il n’a pas d’autre choix que de retourner vivre chez sa mère. Pour ces deux êtres endurcis par la vie, la cohabitation est plus que difficile, pour ne pas dire impossible. Seule la chienne, Calie, semble avoir droit aux égards de l’un et de l’autre. C’est d’ailleurs elle qui va servir – à ses dépens – d’instrument de rapprochement après une dispute violente et une brouille qui n’en finissait pas de durer. Car Yvette, la mère, est condamnée par la maladie. Elle a fait le choix d’un suicide médicalement assisté pour devancer les assauts du cancer dont elle souffre. Elle souhaite ainsi, au moins une fois dans sa vie, pouvoir enfin « décider » de quelque chose. Contre toute attente, Alain accepte de l’accompagner dans cette voie sans issue, et c’est donc dans ce contexte que le spectateur se demande si la mère et le fils vont enfin réussir à se parler avant qu’il ne soit trop tard.
Je vous avais prévenu, c’est pas rigolo hein ? Oui mais voilà, les acteurs (
Vincent Lindon et Hélène Vincent, notamment) sont irréprochables. C’est ce qui sauve à mon sens le film d’une lourdeur rendue incontournable par le sujet traité.  Le dénouement est lui aussi très réussi. En effet, même si le film ne s’achève pas vraiment sur une note optimiste, il évite l’écueil du pathos. Il montre bien également que les « chemins neuronaux » – pour reprendre une expression chère aux psychologues – sont ancrés en chacun de nous et qu’il est difficile d’en sortir si l’on fait l’économie d’un travail sur soi. Autrement dit, pour en revenir au film, l’impossibilité à dialoguer et à communiquer, qui est finalement surtout le fait d’Alain plus que d’Yvette, ne peut disparaître complètement. Et ce même dans une situation extrême comme la mort imminente de sa mère, qui n’est malheureusement que l’occasion d’une amorce de réconciliation.
Je laisse mon Doy vous faire part à son tour de ses impressions s’il le veut bien. En ce qui me concerne, ce film m’a touchée et je le conseille à ceux d’entre vous qui, néanmoins avertis, aiment voir à l’écran des relations humaines complexes.

Shifue.

A mon tour de mettre mon grain de sel en vous disant ce que j’ai pensé de ce film. Je ne vous referai pas le pitch, ma ptite Shifunette a tout dit, mieux que ce que j’aurais fait. Alors passons à la critique. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’on ne ressort pas de cette séance avec une banane folle, je dirais même qu’on se sent à nouveau respirer quand la lumière se rallume. C’est un film fort en émotions et dur. Le jeu d’Hélène Vincent et Vincent Lindon est juste, ça sonne vrai. Certaines scènes m’ont personnellement touchées, notamment celles qui concernent Yvette, renfermée dans une dureté qui est devenue son quotidien. C’est même difficile de voir cette femme – qui a visiblement souffert par le passé dans une vie pas forcement heureuse – ne plus être en mesure de s’ouvrir aux autres et surtout à son fils. Donc si vous avez un petit moral ce n’est peut-être pas le film à conseiller cette semaine. Malgré une dureté certaine, malgré une ambiance pesante, c’est un film très réussi qui mérite d’être vu dont le jeu des acteurs est bon.

Doy.

Lyon BD Festival 2011

Rencontre avec les auteurs et dédicaces – Palais du Commerce – 18 & 19 juin 2011

Pour la deuxième année consécutive, nous voilà à Lyon pour la 6ème édition du Festival de BD. En ce qui me concernait, j’avais deux objectifs : découvrir le nouvel album d’Olivier Supiot ‘Un amour de marmelade’ et saluer Domas – que l’on ne présente plus ici, et dont je reparlerai un peu plus loin… Eventuellement aussi, pourquoi pas, faire des découvertes.
S’agissant du premier objectif, dès notre arrivée, j’ai donc essayé de repérer les auteurs présents afin de voir où était installé Mr Supiot et si la file d’attente pour les dédicaces était déjà longue… ou pas. Heureuse surprise : notre homme était en train de discuter avec un couple pendant qu’il dédicaçait et derrière eux seule une jeune fille attendait, ce qui m’incita à aller acheter son dernier album et à prendre mon tour dans la file. Eh bien, tout ce que je peux dire, c’est que je ne regrette pas ! Comme l’an passé, cet auteur – outre le fait qu’il est bourré de talent – m’est apparu sympathique, disponible, loquace, modeste, etc etc… Au moment où mon tour est venu, j’en étais arrivée à peu près à la moitié de la lecture de son dernier one shot, mais il m’a quand même demandé ce que j’en pensais. Cela se sentait – et il me l’a confirmé lui-même – qu’il était à la fois curieux et inquiet de connaître l’avis de ses lecteurs à propos de ‘Marmelade’. Il m’a en effet expliqué que cet album était particulier pour lui, car il le sortait l’année de ses 40 ans, un album de la maturité donc, et qu’il avait investi beaucoup de temps, d’énergie et de lui-même dans sa réalisation. Bon, je me suis empressée de le rassurer, car les premières planches m’avaient enthousiasmée et je retrouvais parfaitement l’univers du ‘Baron‘ qui m’avait tant séduite l’an passé, à la fois dans le trait et les couleurs. Nous avons eu ensuite l’occasion de discuter de ses projets, immédiats ou à venir, et tout ce que je peux dire c’est que je suivrai avec intérêt leur évolution.
Maintenant que cet objectif était atteint, je pouvais donc flâner dans les allées du Palais du commerce… Du monde, certes, il y en avait. Et du beau monde en particulier parmi les auteurs présents. Visiblement, le succès de ce festival semble acquis, et c’est tant mieux pour ceux qui en ont le plus besoin et qui parviennent à se faire connaître grâce à ce genre de manifestations. Mais l’on constate quand même que les files d’attente pour les séances de dédicaces sont regroupées devant quelques-uns, alors même que certains attendent parfois le lecteur. Ainsi va la vie…
Revenons donc à Domas. Après nous être salués de loin samedi, j’ai eu l’occasion de le croiser le dimanche, le temps qu’il nous invite à venir assister l’après-midi même à l’adaptation sur scène, par trois comédiens, de sa trilogie (‘Litost’, ‘3minutes’ et ‘Souvenir de moments uniques’). Si vous voulez savoir plus précisément de quoi il s’agissait et comment était né ce projet, je vous laisse le soin de lire ce qu’il en a écrit sur son blog. C’est encore lui qui en parle le mieux ! En ce qui me concerne, je vais essayer de vous expliquer comment j’ai perçu cette ‘expérience’, car j’en suis ressortie à la fois emballée et extrêmement émue. Très honnêtement, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre ni ce que pourrait donner l’improvisation par Domas de dessins, à partir desquels les comédiens devaient incarner Max, Coquillage et d’autres personnages dans des scènes peu ou pas écrites. Au final, j’ai retrouvé toute la poésie et l’émotion que Domas sait si bien faire partager à ses lecteurs, dans des scènes de vie plus vraies que nature, où les larmes ne sont jamais loin du rire. Je dois bien avouer avoir eu à plusieurs reprises la gorge nouée, mais j’ai tenu bon et j’en suis assez fière ! Je ne pense pas avoir été la seule car à la fin de la représentation, le public très nombreux – la salle était comble, nous avons même dû nous asseoir par terre, mais nous étions du même coup au pied de la scène – a applaudi longtemps et s’est même levé. Ce qui renforçait encore l’émotion palpable… Cela ne m’étonnerait pas que Domas et Alex Ramirès, le jeune comédien qui l’incarne à la scène avec tant de talent, ne remettent cela ailleurs. En effet, je ne serais pas surprise qu’ils aillent se présenter  (ceux qui ont assisté à l’impro comprendront…) à d’autres publics pour l’amour de la rencontre qui transporte,  qui enrichit les coeurs et fait que l’on se sent si vivant. Bravo donc à tous (Domas, les comédiens, le metteur en scène et les musiciens) pour cette parenthèse dont il m’a été difficile de sortir tout de suite !
Un dernier mot pour vous dire que j’ai également, grâce à ce salon, fait la découverte d’une auteure très sympa : Marie Jaffredo et son album ‘Et si…’, dont je parlerai dans un post à part entière. Belle édition cette année encore, donc !

Shifue.


A mon tour de vous donner mes impressions sur cette sixième édition du festival de la bd de Lyon. Avant d’arriver je me demandais si la disposition des lieux serait identique à celle de l’année dernière. En effet j’avais trouvé que les files d’attentes pour les dédicaces empechaient de circuler aisément. Aucun changement, il fallait donc se faufiler devant certaines tables prises d’assaut par les fans des auteurs les plus convoités. Ceci n’est qu’un détail de ce séjour lyonnais.
Pour ma part mes objectifs étaient simples, faire dédicacer des albums de la Jouvray’s family, de Yannick Corboz et de Domas. Bds en poche (ou plutôt dans le sac à dos) j’allais à la rencontre des auteurs. C’est Domas que j’ai pu rencontrer en premier. Comme chaque rencontre avec lui, c’est juste un moment simple de sympathie et de gentillesse. Son spectacle, auquel j’ai assisté également, m’a beaucoup touché. On pouvait sentir une très grande émotion dès l’entrée en scène de Max, euh Dom, euh Dominique, euh Domas… Les scénètes s’enchainaient et le rire laissait souvent place à une vive émotion. Je dois bien avouer avoir eu les yeux humides à deux reprises. Le moins que l’on puisse dire c’est que les créations de Domas touchent énormément le trentenaire que je suis. J’ai rencontré également Yannick Corboz que j’avais découvert il y a quelques temps en lisant Celestin Gobe-la-Lune. C’est son dernier album qu’il a eu le gentillesse de me dédicacer et j’avoue que son travail m’a bluffé, notamment sur les nuances de rouge qu’il arrive à créer. En plus de son talent indéniable j’ai découvert un dessinateur vraiment sympathique ce qui ne gâche rien et donne encore plus envie de suivre ses prochaines sorties. Ma quête semblait bien engagée, il me restait quelques albums à faire dédicacer par Jérôme Jouvray, ce qu’il a fait avec toujours autant de sympathie. Il a accepté de représenter Lincoln et votre serviteur Doy, attablés et passablement éméchés, trinquant à la bière. A croire le dessin Lincoln tient moins l’alcool que moi quand même 🙂
Enfin j’ai eu la chance (oui on peut appeler ça comme ça) d’avoir une dédicace de Hub pour son célèbre Okko. L’auteur ne souhaitait faire que 12 dédicaces. L’organisation a donc procédé à une tombola pour choisir les heureux gagnants. And the winner is de number 433, my number à moi, si si. C’est vrai que 12 dédicaces c’est pas énorme mais faut reconnaitre que dans ce cas de figure Hub prend le temps et au final on se retrouve avec un dessin bien réalisé.
2011 aura donc été un bon cru, nous avons pu rencontrer des personnes sympas, voir un spectacle génial d’un auteur génial et repartir avec des dédicaces toutes plus jolies les unes que les autres.
Vivement 2012…

Doy.

Le chat du rabbin

Joann Sfar, Antoine Delesvaux – UGC Distribution – 2011

Que faire quand il pleut, que l’on est tout(e) seul(e) et que l’on n’a rien de particulier à faire ? Aller au cinéma, pardi ! J’attendais la sortie du ‘Chat du rabbin’ pour plusieurs raisons : tout d’abord, comme je l’ai déjà dit sur ce blog, j’adore les films d’animation ; par ailleurs, ayant commencé à lire la série en BD, plus précisément les deux premiers tomes ‘La bar mitsva‘ et ‘Le Malka des lions‘, j’étais curieuse de voir ce que ça allait donner sur grand écran.
Le film s’ouvre sur une scène où l’on découvre, grâce aux yeux du chat très judicieusement doublé par François Morel, les rues et le port, puis la baie de Tunis. J’ai trouvé les dessins vraiment très agréables à regarder. Le premier tome de la série, dans lequel le chat demande à son maître, le rabbin Cheikh Mohammed Sfar, de faire sa bar mitsva pour pouvoir se rapprocher encore plus de sa belle maîtresse, Zlabya, la fille du rabbin, est en fait balayé en une dizaine de minutes. L’arrivée du mystérieux cousin Malka, qui fait l’objet du tome 2, n’est également qu’un prétexte pour suivre les aventures qui se déroulent en fait, si j’ai bien compris, dans le tome 5 que je n’ai pas encore lu. Le chat et son maître se retrouvent donc embarqués à bord d’une automobile Citroën, avec pour compagnons de route un ancien soldat du tsar alcoolique, un imam tolérant et un jeune et beau peintre russe qui rêve d’aller à Jérusalem, la Ville sainte.
Au final, j’ai passé un très agréable moment en compagnie du Chat, qui n’a pas son pareil pour pointer les incohérences des religions – en l’occurrence ici le judaïsme et l’islam, et surtout l’aveuglement des hommes. Ce film d’animation est donc fidèle à la série, tant au niveau du dessin que des questions qu’il soulève par rapport aux croyances, au fondamentalisme et à l’intolérance. Je vous le recommande donc vivement si vous ne savez pas quoi faire ce week-end !

Shifue.

Tomboy

Céline Sciamma – Pyramide distribution – 2011

Un vrai coup de coeur pour ce film, voilà ce que je peux vous dire au lendemain de la séance ! Sur un sujet pas simple – la découverte de sa sexualité par une fillette prépubère – la réalisatrice réussit à aborder des questions délicates sans tomber dans le mièvre, la sensiblerie ou le pathos. Bravo !
Et l’histoire, alors ? Laure, une fillette d’une dizaine d’années, emménage avec ses parents et sa petite soeur Jeanne dans un nouvel appartement pendant les grandes vacances. Dès les premières images, on est troublé par son physique et son apparence, tant il est difficile de savoir s’il s’agit d’un garçon ou d’une fille. Le doute subsiste un bon moment car on ne sait pas tout de suite quel est son prénom, et lorsqu’elle se présente à une petite voisine, elle dit se prénommer Michaël. Lisa, la voisine en question, n’y voit donc que du feu, de même que les copains qui jouent en bas de l’immeuble et qui vont rapidement l’adopter. D’autant que Laure/Michaël se révèle assez doué(e) au foot. Laure/Michaël va donc devoir jouer le jeu de l’ambiguïté, et le spectateur se demande combien de temps la supercherie va bien pouvoir durer. La situation se complique lorsque Lisa et son ami se rapprochent encore…
J’avoue que je ne savais pas trop à quoi m’attendre en allant voir ce film. La découverte de la sexualité, et en l’occurrence de l’homosexualité, est un thème qui a déjà pu être traité à l’écran. Mais ce qui est original ici c’est qu’il s’agit d’une petite fille, ce qui rend certaines scènes assez troublantes. Le casting est irréprochable et la jeune actrice épatante. Bref, je ne saurais que trop vous conseiller d’aller voir ce film, qui certes n’est pas très drôle (on a fait pire, voir ci-dessous…), mais qui pose des questions et assurément ouvre l’esprit.

Shifue.